Histoires de Routes
Lire Tocqueville ou conduire ? Regard sur l'automobilisme aux Etats-Unis
Mathieu Flonneau Maître de conférences en histoire contemporaine à l'Université Paris IPanthéon-Sorbonne. Il anime un groupe universitaire de recherche intitulé « Passé-Présent-Mobilité », P2M. Il prolonge ainsi un programme de recherche sur l'automobilisme annoncé dans l'essai Les cultures du volant.
Ce texte est une version abrégée de l'article paru dans Read Tocqueville, or Drive? A European perspective on US "automobilization". History and Technology, vol.26, N°4, December 2010, p.379-388.
« L'intelligence de la société américaine réside tout entière dans une anthropologie des mœurs automobiles - bien plus instructives que les idées politiques ». Jean BAUDRILLARD, Amérique, Paris, (Grasset, 1986), Descartes et Cie, 2000.
D'hier à aujourd'hui, la perception du phénomène automobile aux Etats-Unis a évolué même si certains invariants perdurent. Alors que la faillite économique a manqué de frapper les Big Three au cours de la crise de l'année 2008 - qui correspondait ironiquement au centenaire de la Ford T -, les valeurs de l'automobilisme restent en effet puissamment associées aux Etats-Unis. On peut tenter d'expliquer les choses en dialoguant avec l'ouvrage récent et fondamental de Cotten Seiler, Republic of Drivers,A Cultural History of Automobility in America (Chicago UP, 2008) qui, à certains égards, est une contribution majeure à l'histoire de cette technique universelle dont les enjeux culturels, sociaux et politiques sont plus que jamais premiers et fondamentaux.